Hollywood
s'apparente à la lumière, dans ce qu'elle peut illuminer, dans ce
qu'elle peut mettre dans l'ombre. Hollywood c'est le décor, c'est ce
qui paraît. Ce qui apparaît. Il s'agit alors de chasser la lumière,
chasser l'apparence, pour mieux la mettre en boîte, pour mieux la
dresser. J'ai alors choisi de traquer ce paradoxe en faisant des photos
de nuit sans flash, à l'aide d'un pied, avec de longs temps de pause
allant jusqu'à 30 secondes et une sensibilité moindre de 100 ISO.
De ce protocole en découlent des photographies où la lumière se veut
douce et diffuse. De l'obscurité se détache une netteté presque
artificielle. Le décor prend place, le décor se crée malgré
l'endroit de la prise de vue. Holy Wood.
Après plusieurs nuits d'errances à révéler des décors de la rue à
travers la ville, un lieu me paraît alors évident... L'Institut d'Art
Contemporain de Villeurbanne et son actuelle palissade "Demolirerpolka"
réalisée par Hans Schabus dans le cadre de l'exposition "fabricateurs
d'espaces".
Une palissade qui nous laisse penser que l'espace derrière est en
construction (avec tous les enjeux et tous les risques qu'un chantier
engendre), l'idée de la validité du lieu d'exposition est alors en
branle. Cette palissade est en même temps la frontière entre la rue
et le musée qu'on aperçoit à peine derrière.
Une palissade en bois qui est à mi-chemin, qui est entre deux. Cette
matière devient alors sacrée.