Écran total
"L'écran comme catalyseur pour une appréhension sensible et augmentée
du monde. Je suis fasciné par sa faculté à être un véhicule frénétique
nous arrachant à l'ici et maintenant. Déjà à l'époque de ses premiers
balbutiements (il y a plus de 2000ans, le théâtre d'ombres servait lors
de cérémonies religieuses pour invoquer l'esprit des morts), l'écran
convoquait un ailleurs où se rassemblaient les différentes croyances en
l'autre monde. L'écran comme lieu du transfert.
Par conséquent, à l'omniprésence des écrans de notre époque, ma réponse
est de prôner son omnipotence. Je crois au chaos par l'image. En effet,
en s'attachant à l'image au sens baudrillardien du terme, on en vient à
la voir comme un simulacre. Dans nos sociétés post-modernes, l'individu
a déjà perdu le contact avec le réel, car trop reposé sur ses
simulations (expérience du réel à travers ce qui lui est rapporté).
C'est désormais le simulacre (représentation figurée, objet, image) qui
"précède et détermine le réel". Le chaos par l'image permettant alors
un niveau d'expansion et de noyade mentale supérieure à la réalité
physique.
L'essence qui se dégage de mon travail serait quelque chose qui relève
de l'altération, de la détérioration de la matière, des objets, du
corps, et du mental. Une recherche de la destruction ayant pour but sa
sublimation. Fasciné par ce qui gravite autour du moment où tout peut
basculer. Où tout peut se détruire et où tout peut amener à des
mutations diverses où la dimension mystique fait partie du cheminement.
L'endroit du vacillement, auquel je réponds principalement par l'image
en mouvement et les installations (d'ordre vidéo, sculptural, virtuel,
photographique)."